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Pour un service universel des biens communs
mercredi 6 septembre 2017, par , , , , , , , , ,
Mise en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale sur la base de discussions menées pendant l’Occupation, la Sécurité sociale telle que nous la connaissons visait à protéger les travailleuses et travailleurs des aléas de la vie. La catastrophe sociale des années 1930 qui suivit le krach d’une bulle financière et ses conséquences politiques se devaient d’être évitées à l’avenir, d’autant qu’une alternative au système capitaliste ne cessait de progresser à l’Est.
Basé sur la société du salariat, ce système, bien qu’ayant subi plusieurs modifications, a tenu le coup jusqu’à nos jours et protège encore très largement une majorité de la population via ses différentes branches. On ne peut cependant nier que le système est menacé non seulement dans son financement, mais surtout dans la perception de son utilité par une partie de plus en plus importante de celles et ceux à qui il est destiné. Sa lisibilité, son accès, son coût… posent de plus en plus de questions.
D’autant plus que la société salariale est elle-même mise sous tension, au point que certain·e·s en prédisent la disparition, notamment par la révolution numérique. Devant ce constat, il paraît temps d’oser refonder la Sécurité sociale afin qu’elle réponde à nouveau aux besoins réels actuels de l’ensemble de la population.
Nous plaidons par conséquent pour une extension de la couverture à l’ensemble des besoins vitaux. Comme dans la mouture de décembre 1944, la refondation du système ne serait pas une création ex nihilo, mais un nouvel ordonnancement d’éléments déjà existants, modifiés dans certains cas, avec de nouveaux éléments et, surtout, dans une logique nouvelle. Le fil rouge de cette refonte doit être clair : « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ». Au passage, il s’agirait de quitter la posture défensive prévalant généralement (protéger la cathédrale) et d’adopter, au contraire, une approche résolument offensive.
Pour commencer, nous ne serions plus dans un système assurantiel, mais dans un système de droit dérivé de l’appartenance au corps social. Les différents droits seraient donc universels et inconditionnels. Le financement serait uniquement le produit d’une imposition progressive, fonctionnant par de nombreuses tranches de revenus, prélevée sur la globalité de ceux-ci. Ainsi, chacun·e participe au financement du système selon ses moyens et ce, quel que soit son statut.
Le système que nous envisageons ne doit pas se limiter à une « sécurité sociale ». Il doit constituer un véritable « service universel des biens communs ».
Outre les revenus proprement dit tout au long de la vie ainsi que l’accès aux soins de santé, il intégrerait aussi :
L’accès à un logement adapté à la situation familiale.
Un accueil de la petite enfance et, à l’autre bout de la vie, des personnes âgées dans des structures publiques promouvant l’habitat partagé, source de lien social.
La possibilité de bénéficier d’une alimentation saine, de qualité et diversifiée.
Une mobilité respectueuse de l’environnement offrant de réelles alternatives par le transport public (intégrant des offres de voiture partagée) dans une logique de péréquation (mutualisation des coûts indépendamment de l’endroit où on habite).
L’accès à l’eau et aux sources d’énergie (dont on favorisera la production décentralisée et partagée).
L’accès à la téléphonie et au numérique, considérés désormais comme des droits fondamentaux au vu de l’importance prise par ceux-ci dans notre quotidien.
L’accès à la culture sous toutes ses formes.
La gestion de l’ensemble serait confiée au service public mais intégrerait, dans un souci de transparence et de contrôle participatif, les représentant·e·s des travailleuses et travailleurs ainsi que des usagères et usagers.
Pour le Ressort :
Didier Brissa, Maximilien Lebur, Rosario Marmol-Perez, Alice Minette, Aurélie Nizot, Julien Paulus, Sylvain Poulenc, Michel Recloux, Olivier Starquit